Il fallait être vu
La soirée , la réunion qu'il ne fallait pas manquer
Mais ceux qui sont abandonnés par le monde
Veulent mourir pour Dieu , celui qui leur reste
Vous aimeriez être informé au moment où vôtre désir se fait sentir
Que quelqu'un là ,peut être à cent mètres ,vous désire aussi
Nous sommes au courant de l'actualité à la vitesse éclair
Les mots sont des coups de fouet car ils doivent commenter aussi vite
Mais vous ne pouviez voir ce qu'on a vu
Vous ne pouvez imaginer ce qu'on a enduré
Face à l'horreur
Vous regardez autour de vous
Vous réalisez ce qui s'est passé
Combien cela a changé
Pour des buts lucratifs , pour des raisons guerrières
Sous la plume d'un poète
L'oiseau d'un appareil photographique
Les yeux cachés sous un voile noir
Campé sur ses deux pieds comme une tente nomade
Il promène son objectif de lieux en lieux
Comme si nos propres yeux ne pouvaient plus enregistrer d' images
Partaient en fumée devant les mauvais desseins
J'ai des photos même émouvantes , poignantes
Mais c'est le coeur qui en prend un coup ,
Les peurs , les angoisses qui remontent
La vie incertaine , les blessures
Les mains qui supplient , les oreilles qui se cachent ,
Pour ceux qui les vivent
Ils portent les traces, les empreintes dans leurs chairs
Chez nous un musée , une expo , les nouvelles d'un journal télévisé
Ephémères au rythme de l'actualité
Celui qui ne connait plus a des souvenirs de papier
Quelques vraies histoires encore à transmettre oralement
Mais il ne manque pas un pied ,une jambe, un bras , un oeil
Il n'est plus une gueule cassée
Une photo témoigne
Oui ,c'est horrible
A l'abri
Elle fait appel à l'humain , au ressenti
Mais pour beaucoup , c'est si loin
Chez nous ce sont les maladies , les maux qu'on peut guérir ,du moins soulager
Mais pour eux , il suffirait que l'homme soit raisonnable
Pour ne plus les avoir
