tisseur de poèmes

Au soir ,les volets fermés
Les fenêtres sont deux paquets de cartes
La nuit tire les cartes
Au petit matin ne reste qu'une carte que chaque paquet
Qui s'écarte au grand jour
De la fenêtre qui s'ouvre sort un papillon
Dans les jardins les cordes pincées de linge flottant
Aux premiers rayons du soleil
Assis devant sa feuille 
Aux sentinelles d'encre et de plume
Il écrit un bouquet de mots
Comme si il était cueilli dans un jardin d'Eden
Puis il donne rendez -vous aux mêmes mots
A son amie épistolaire
Pour lui un point n'est jamais un vrai point
Quelque chose continue dans l'espace
Il n'aime pas laissé vide sa boîte aux lettres
Le temps d'une absence
Alors il écrit en avance
Le noir et le blanc stylise la silhouette
Il s'habille et descend les marches
Pour une promenade
Il passe devant l'église 
Regarde son clocher ,la proue d'un navire et sa cloche 
Son toit comme une coque retournée
Il n'est pas loin de la mer 
Il voit déjà au bout de la rue ,la dentelle d'écume
Pour ne pas qu'il prenne froid
Il ne sait plus s'il est un homme ou une femme 
Les passants cherchent qui il est mais ils n'ont pas le français adéquat
Tu n'as pas compris qui je suis
Je ne suis pas ce que tu as compris
Il veut parler sa langue
Peu importe si c'est un jour de pluie 
Il a le caractère bien trempé
De fils ,il imagine le vécu de la génération d'avant
En aiguille sort le point de l'aîné , de l'ancien
Vers l'inconnu du jeune âge , ces enfants jouant au bord de l'eau
Le vent soutient son dos
Ses pas pesant pour marquer son existence
Ses pas glissant :ce qu'il a encore 
Etre affecté ,ébloui par le monde
Le temps n'exprime que la justesse du moment
Ses sorties quotidiennes sont un roman feuilleton
Tous les soirs ils regardent le ciel et ses galets d'étoiles
Rebattre les cartes de la journée pour une nouvelle
Demain