Une puissance obscure te regarde dans les yeux .Tu te laisses toucher car ta lumière est intérieure . Elle croit te séduire mais elle ne fait que luire.
Il couche la première ligne sur le papier pour lui raconter une histoire. Authantique , celle d'un passé de mode . Sortir de l'anonymat : les mots perdus dans un dictionnaire . L'ouvrir et tirer au jour comme un bulletin dans une urne quelques mots.
Le crayon ne se tient jamais à distance , il s'imposerait dans une infinitude sans le bon vouloir d'une fin , d'une pause. Mais la nudité des mots tirés au sort s'habille d'une émotion , d'une expression. Tout comme un crayon ,ils ne sont jamais seuls , ils se retrouvent trop souvent dans la foule des phrases . Leur espérance , c'est que la phrase est une projection dans l'avenir . Elle ressemble à une lance . Ils vont là bas sans savoir où ce lieu se trouve même s'il existe. Ils se laissent portés par la phrase ,ballottés comme dans un moyen de transport , à l'heure de pointe bic .
L'écrivain a du mal à se saisir , les mots lui échappent. Alors il lui arrive aussi de prendre une page blanche éblouissante pour les attirer , les attraper.
Un jour , il a rencontré une femme inaccessible pour laquelle il a tout arrêté. Seul son coeur battant faisait retentir une vie .Il était subjugué . Alors il sortit toute sa panoplie grammaticale : conjuguer, décliner , jongler avec les temps. Il l'aimait sur le papier . Bien qu'une écriture soit une façon de tuer sa beauté , elle était quand même préservée .Il choisit des mots qui n'ont pas été créés spécialement pour l'amour .Il savait que son histoire était incomplète , il n'avait pas été plus loin avec elle depuis sa rencontre , juste un frémissement.
Elle serait maintenant aimée par tous les lecteurs. Lui qui l'avait divinisée , elle devenait dorénavant mythique . Pour sa consolation , une histoire n'existe que quand on la lit . Même si combien d'autres restent non écrites , Celle ci laissera toujours apparaître sa feuille d'or en pensant ardemment à elle .
Lis tu Annie.
