tisseur de poèmes

L'écume feuillete les vagues qui se déplient comme une page ;chaque gouttelette médiatrice sur un banc de sable ,dans un terrain vague met en court-circuit de voyages le poète

Il rêve de voyages mais le rêve figure l'insaisissable car incomplet ,fugace, incohérent et insoumis ;alors il se met à penser mais sa conscience imageante prend la valeur d'une incantation pour un objet fantôme; alors il laisse l'imagination faire tout le travail mais celle-ci prend son téléobjectif pour une visée irréalisante de l'imaginaire;alors il laisse les images du catalogue de voyages parler à sa place mais elles exigent par leur silence même que ne soit pas esquivée la question qu'elles posent :où vais-je?Cette apostrophe muette le pousse à quitter ce réel théorique pour une pratique.

Le voilà donc parti pour redécouvrir le sens de l'émerveillement ; se laisser surprendre par un regard, une odeur , un son,une saveur; quitter les on-dits pour prendre le chemin du non-dit, non-vu ,non-entendu; prendre du recul ,de la distance et renoncer à juger,à prendre;laisser s'effondrer toutes les certitudes pour un dialogue,un accueil de l'autre dans le respect de son mystère , de sa liberté ,de sa différence;se laisser transformer soi-même , prendre le risque d'un rôle d'interprétation en se laissant regarder.

A force de visiter ,on se surprend à être des poupées russes emboîtées qui ne cessent de dévoiler quelque chose qui se cache quelque part silencieux. Pas besoin de bagages ,tout est déjà là ,c'est nous qui ne sommes pas là . Comme  la chanson voyage voyage , voyage est un sans retour car il appelle un autre voyage . Un discours sur un voyage est successif , le premier événement est plus ancien que le dernier alors que le visuel est simultané ,tout attend une réponse .Un voyage n'est qu'un pas encore insatiable  quête d'aventures sur une terre promise d'à venir.