tisseur de poèmes

Partie pour Le Havre pour un rendez vous
Elle a planté son canoë dans le sol 
Et s'est appuyée contre 
Près de la rive on voit les arbres flous
Et son regard on ne sait jusqu'où il porte 
Elle retient son bras droit avec sa main gauche
Tant qu'il n'est pas là ,elle ne peut le tendre 
A chacun de ses poignets des bracelets 
Comme autant d'anneaux d'amarrage 
Elle a déposé le havresac de son esprit 
Sa peau , ses cheveux , brun clair 
Comme la table de chevet 
Est ce que tous les soirs sont faits pour des histoires ?
Conservée dans une photo
Ce par quoi on a été saisi ,on est tombé
Dans un évitement de ce qu'il faut affronter
Comme si plus tard je serais mieux en mesure d'assumer
J'y reviendrais
Comme si j'attendais la phrase suivante pour soulager la précédente
Un plaisir obscur jamais approfondi et déjà une déperdition
Dans l'ombre d'une déchirure
Elle ne souhaite pas s'actualiser et elle se préserve
Se tient en vie
Isolable dans sa pose évidente ,une moyenne de tout ce que j'ai pu apprécié en regardant toutes ces femmes de passage :impossible de remonter en amont
Toujours dans un report ,ne pas donner lieu à son essor singulier de vivre
Son tee shirt blanc ,la page blanche 
Il y a des soirs qui se passeraient bien d'histoires