tisseur de poèmes

pudiques ,tristes ,impuissantes devant une pauvre femme qui s'appuyait sur le muret : entre l'âme de cette femme et le spectateur s 'établissait un pont ;sa tête touchait juste le rebord ,un pied en avant pour garder l'équilibre,son visage emmailloté dans un châle ,engoncé dans sa tenue,la main en avant  tenant une sorte de gobelet;on aurait dit une photo car elle était figée ,plaquée contre un bout de soutènement blanc qui faisait ressortir son habit bleu ;on se demandait qui soutenait le mur ou elle ,fatiguée par le froid, la faim,elle ne pouvait plus   se tenir qu'appuyer mais avec dignité car tant de gens passaient ,pour elle tous les jours c'est faire le pont à attendre une menue pièce dont la seule musique lui ouvre une clef de sol pour son estomac borborygme ;ce pont non loin de Notre Dame ,là où par compassion ,prière, foi on devrait s'attendrir d'une scène si malheureuse;une femme sans nom qui a un maintenant souvenir.