tisseur de poèmes

Allongée dans l'herbe 

Le livre s'ouvre  ,  se confie 

Les noces de vers  dans un tombeau de papier 

Emotion fait dévier ce que nous voulions  dire

Emotion fait épanouir à la place des phrases  toutes autres  

Tes yeux semblent fermés mais  cachés derrière tes paupières 

Ils savourent chaque mot  en privé  et  la  ponctuation sont les traits de ton visage 

Depuis les sourcils , ce sont tes yeux qui sont descendus  de l'étagère 

Jusqu'au rayon de soleil ,lampe de chevet ,posé sur la pelouse , table de lecture 

Lectrice en herbe  , tes coudes  allongés  de chaque  côté du livre 

Comme pour empêcher la lecture  de tomber  

Car tu n'as plus aucune certitude de ce que tu es 

En train de lire, dans le livre  , 

Ta poitrine inspire  

Tes yeux aspirent  chaque bouffée  de mots

Ta main gauche en forme de C comme crabe  retient  la page de gauche 

Ta main droite  pince la feuille  de droite   comme pour  aller jusqu'au bout d'une lecture 

Que ton esprit trop pressé  , avide voudrait tourner  pour lire la suite 

Pour t'appesantir  sur un détail   , le répéter    dans tes pensées 

Car  il te rappelle un bon souvenir   , tu apprécies la belle image 

T'identifier   car tu  fais déjà partie  de  la page  mais comme trouble -fête  dans une histoire déjà construite 

Livre ouvert comme un oiseau qui déplie ses ailes 

Livre ouvert  comme les ailes d'un  papillon   

Saisir avant son envol  une lecture fugitive 

Entre deux mains  ,entre les doigts , entre les avant-bras  , entre les deux yeux 

Tes jambes commencent à s'agiter ,  à se balancer 

Seules parties bien réelles , caressées par le vent

Le reste est rivé sur place   ,

Ce qui  s'envole t'appartient  

Quand le livre se referme

L'écrit reste   

Sauf  tout ce qu'il y a  eu autour 

Toi tu es comme sur l'eau  

Tes jambes  font des ciseaux   

Découpent  ta propre   lecture 

Pour toujours laisser  les mots de  l'auteur  vierge de pensées annexes