tisseur de poèmes

Un sujet qui semble bien quotidien et pourtant
De voir chaque jour cet homme au même endroit 
Un Super U de quartier en face de la poste
S'il était en retard ,son ombre serait déjà là à l'attendre
Toujours dans son même manteau et portant toujours le même chapeau
Il arpente une petite portion de terrain 
Il s'assoit 
A quoi pense t-il ?
Il passe le temps aussi à regarder ,à échanger quelques paroles
Sourcils levés à la jeunesse qui entre dans le super u 
Sourcils froncés au plus vieux 
Partir de chez lui pour faire un tour
Chasser le vilain tour d'une solitude
Tuer l'ennui 
N'a t-il plus les moyens d'aller ailleurs , à la découverte d'autres horizons ?
N'a t-il rien prévu de faire après sa retraite ?
Passe une journée qui n'augure aucun présage 
Qu'il fasse beau ou mauvais
Il tourne en rond 
Il se demande parfois si la mort ne serait pas plus souhaitable
Mais chaque jour il inaugure aussi un jour de plus en vie 
Mais quelle vie !
Main en portefeuille il lit un journal
Pour entendre à l'abri derrière une page les paroles passantes
S'il vient au même endroit c'est pour voir du monde
Même s'il est solitaire et que chacun s'affaire à ses courses 
Cela me rappelle aussi cette vieille dame qui allait toujours 
Faire ses courses quand il y avait le plus de monde le matin 
Et puis après plus aucune activité sa journée était terminée , 
Plus rien faire
Tous les deux font acte de présence , ceux qu'ont oubli
Quand ils ne sont plus travailleurs 
Pourquoi mon coeur s'est -il arrêté pour eux ?
Prendre conscience qu'un jour cela sera mon tour 
Pour se dire ma retraite ne se passera pas comme cela 
Aujourd'hui le ciel a mis ses écharpes de nuages
Et l'envie du poète d'écrire le mot couloir 
Comme celui entre deux montagnes 
Qui évacuerait le flot de misère morale